Le travail sur deux pistes: tout ce que vous devez savoir pour le maîtriser

2 février 2024 Temps de lecture: 11 minutes

1. Qu’est-ce que le travail sur deux pistes ?

Le travail de deux pistes est constitué d’un ensemble d’exercices d’assouplissement et de mouvements de présentation, où les antérieurs et les postérieurs du cheval se trouvent sur deux pistes distinctes. Ils sont en général fait avec une incurvation (interne ou externe), en ligne droite ou sur une courbe. L’objectif du travail de deux pistes est de développer l’engagement des postérieurs afin de pouvoir, à terme, aborder le rassembler. Les mouvements possibles sont les épaules en dedans, les voltes renversées ou demi-voltes, la tête au mur ou travers, la croupe au mur, l’appuyer et les pirouettes.

Le terme de “déplacement latéral” correspond à un terme généraliste décrivant le travail sur deux pistes ou plus.

L’incurvation correspond à la flexion latérale du rachis. Elle est obtenue grâce à l’action des aides du cavalier. Pour être bonne, l’incurvation doit être régulière, et le cheval ne doit pas se raidir latéralement. La jambe extérieure doit contrôler les hanches, afin d'éviter que le cheval ne s'échappe, et la jambe intérieure doit rester bien à sa place afin que le cheval puisse “s’enrouler” autour, sans qu’elle ne pousse la croupe vers l'extérieur. L’incurvation est utilisée dans la préparation d’une courbe et les changements de direction, par exemple lors du passage des coins ou lors de voltes assez resserrées. Il est important pour le cavalier de rester d’aplomb dans son buste, au risque d’envoyer des demandes parasites à sa monture (par exemple le poids du corps vers l'intérieur qui pousserait le cheval à s’échapper vers l'extérieur).

L'engagement des postérieurs sous la masse, correspond à l’abaissement des hanches, avec la flexion des articulations qui le provoque. On recherche l’engagement des postérieurs pour aller vers le rassembler.

Le rassembler est un état de parfait équilibre résultant d'une flexion très prononcée des hanches, qui entraîne l’allègement et le relèvement de l'avant-main, cela se caractérise par la fermeture de l'angle de la tête avec l'encolure, la nuque étant le point le plus haut.

Cession à la jambe

La cession à la jambe consiste à faire déplacer le cheval vers le côté et vers l’avant en conservant un léger pli externe puis sans pli en fonction de l’avancé du travail du cheval. C'est le premier exercice de travail sur deux piste abordé par le couple cavalier-cheval dans les reprises FFE. Voici les idées directrices pour chaque niveau:

Épaule en dedans

L’épaule en dedans est un exercice réalisé avec l’incurvation, où le cheval se déplace vers l’extérieur du pli. Les épaules suivent une piste situé à l’intérieur de celle des hanches. Le but est ici d’assouplir les épaules et d’inciter à l’engagement du postérieur interne afin de préparer l’abaissement des hanches pour le travail rassemblé. Une épaule en dedans peut être effectuée sur deux, trois ou quatre pistes, et cela augmente son niveau de difficulté.

Elle suit la cession à la jambe dans la progression du couple cavalier-cheval dans les reprises FFE. Voici les idées directrices pour chaque niveau:

Tête au mur

Le cheval se déplace ici avec les épaules qui suivent la piste. Il est incurvé vers l’intérieur et ses hanches sont vers l’intérieur. L’angle avec la piste doit être proche de 35 degrés et doit rester constant. C’est légèrement supérieur à l’angle demandé pour une épaule en dedans. Cet exercice est préparatoire à l’appuyer.

Cet exercice est préparatoire à l’appuyer dans la progression du couple cavalier-cheval dans les reprises FFE. Voici les idées directrices pour chaque niveau:

Croupe au mur

Ici, ce sont les hanches qui suivent la piste et les épaules qui se trouvent sur des pistes intérieures. L’angle est toujours constant autour de 35 degrés. L’incurvation est dans le sens du déplacement, ce qui correspond a une incurvation externe. Le cheval trace quatre pistes dans cet exercice également préparatoire à l’appuyer. 

Appuyers

Les appuyers sont réalisés, comme les cessions à la jambe, sur une diagonale. Le cheval se déplace latéralement, mais il est cette fois incurvé dans le sens du mouvement. Les épaules précédent les hanches, presque comme une épaule en avant, sinon on dit que le cheval “s’entable”. Les aides du cavalier doivent être bien dissociées (jambe intérieure qui garde le pli et l’impulsion, jambe extérieure qui pousse vers le côté, main extérieure qui maintient le contact et contrôle l’épaule externe).

C'est l'exercice le plus difficile dans la progression du couple cavalier-cheval dans les reprises FFE. Voici les idées directrices pour chaque niveau:

2. Explications biomécaniques

Dans tous les déplacements latéraux, le cheval fait passer ses membres d’un coté à l’autre de sa ligne médiane. Le croisement des membres correspond à un mouvement dit “d’adduction”, tandis que le déplacement vers l’extérieur de son corps correspond à un mouvement d’abduction. Ces deux mouvements sont permis grâce à l’articulation de l’épaule dans les antérieurs et de la hanche dans les postérieurs, c’est à dire l’articulation du haut du membre.

Le déplacement latéral est donc en deux parties: l’abduction d’abord, où le cheval écarte ses membres, puis l’adduction, où le cheval ramène son membre sous son abdomen. 

3- Les problèmes rencontrés dans le travail des deux pistes 

a. Le changement de cadence 

Souvent, au début du travail latéral, un jeune cheval va ralentir lors de la réalisation du mouvement demandé. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela n’est pas nécessairement une mauvaise chose, car le ralentissement correspond à une prise d’équilibre du cheval. Naturellement, pour s’équilibrer, un cheval à l’état sauvage va prendre sur son impulsion. Au fur et à mesure que le cheval prendra de la facilité dans les exercices que vous lui demandez, vous pourrez ajouter plus d’amplitude et d’activité, mais il doit d’abord pouvoir transférer son poids vers son arrière-main. Si le cavalier n’est pas assez patient et demande dès le début une grande activité, le cheval risque de tomber en déséquilibre en mettant son poids sur ses épaules. La solution consiste donc à travailler davantage les déplacements latéraux jusqu’à ce que le cheval soit assez musclé et équilibré pour ajouter de l’activité.

b. Une modification de la hauteur de la nuque et donc du contact dans la bouche

Si le cheval remonte sa nuque et perd le contact au bout des rênes, alors il réalise une prise d’équilibre et un transfert de poids sur l’arrière main, ce qui est donc positif et correspond à un excès d’équilibre. A contrario, si un cheval vient s’appuyer sur le contact, cela signifie qu’il charge ses épaules et se met en déséquilibre vers l’avant. Il faut également être très attentif aux actions de main du cavalier qui peuvent provoquer des défenses du cheval si elles ne sont pas en adéquation avec l’exercice demandé.

c. Le cheval s’appuie plus fort sur une des deux épaules

Si le cheval met tout son poids sur l’épaule externe, il se laisse emporter du côté du déplacement et par son poids, alors qu’il devrait pousser avec ses postérieurs. Il est alors important pour le cavalier de rester d’aplomb et inciter le cheval à se redresser en durcissant ses aides extérieures.

d. Le cheval devient irrégulier, presque comme si il boitait

Si le temps de suspension de l’un des diagonales (au trot donc) est plus court que celui de l’autre diagonal, on sentira alors une irrégularité. Cela vient du fait qu’un cheval peut avoir plus de facilité avec un diagonal qu’avec l’autre, qu’il cherchera donc à poser plus précipitamment. La solution est donc de travailler le cheval afin de l’assouplir un maximum du côté plus compliqué.